Médecine traditionnelle chinoise

«La médecine traditionnelle chinoise comporte un corpus théorique considérable décrivant l'homme sain, son fonctionnement et ses relations avec l'univers, mais aussi la survenue des maladies, leurs diagnostics, leurs traitements par des aiguilles (acupuncture) , par des plantes (phytothérapie), par une diététique, par des massages, par un gymnique (tai qi quan)».

Dans les anciens ouvrages, il est décrit, en général,  trois concepts fondamentaux qui constituent les piliers de cette médecine et forment sa base des principes organisationnels :

1. Le yin-yang et la théorie de cinq éléments.

2. La théorie des organes internes.

3. La théorie des méridiens.

«La théorie du yin-yang et des cinq éléments représente le langage de base de la médecine traditionnelle chinoise. Ensuite, la théorie des organes catégorise la physiologie et la pathologie et enfin la théorie des méridiens décrit le réseau qui permet avec autres théories de prendre vie. Elle intègre les organes internes et relie le corps au monde au sens large».

Le yin-yang 

 

 

La théorie du yin-yang soutient que chaque objet ou chaque phénomène dans l'univers se compose de deux aspects opposés et à la fois complémentaires.

Cette relation entre le yin et le yang est la loi universelle du monde matériel, le principe et la source de l'existence de tous les êtres et la cause fondamentale du développement et de la corruption des choses. Le yin engendre le yang et le yang engendre le yin, ce qui permet leur régénération mutuelle dans la vie. Rien n'est jamais entièrement yin ou entièrement yang, tout est relatif. La lune est yang par rapport à la nuit et elle est yin par rapport au soleil.

Les idéogrammes chinois pour ces deux entités symbolisent les côtés ombragés (yin) et ensoleillés (yang) d'une colline.

Le yin et le yang sont deux phases d'un mouvement cyclique : 

L'origine la plus ancienne des phénomènes yin et yang doit provenir de l'observation des paysans, qui constataient l'alternance cyclique du jour et de la nuit. Dans cette optique le jour correspond au yang et la nuit au yin et par extension, l'activité correspond au yang et le repos au yin. Ceci constitue la première observation qui fut faire d'alternance permanente de tout phénomène entre deux pôles cycliques, dont l'un correspond à la lumière, au soleil, à la clarté et à l'activité (le yang) et l'autre à obscurité, à la lune, à l'ombre et au repos (le yin). Le ciel (où se retrouve le soleil) est donc yang et la terre est yin.

Le yin et le yang représentent deux états de densités de la matière : 

Chaque phénomène passe par les différentes phases d'un cycle et par là même, sa forme change. Par exemple, l'eau des lacs et des mers se réchauffe pendant le jour et se transforme en vapeur (le yang). Le soir lorsque l'air se rafraîchit, la vapeur se condense et redonne de l'eau (le yin). Cette dualité dans les états de condensation était souvent symbolisée, dans l’ancienne Chine, par la dualité entre le Ciel (le yang) et la Terre (le yin).

Application des concepts de yin et de yang à la médecine : 

Nous pourrons dire que toute la médecine chinoise, que l'on considère la physiologie, la pathologie, le diagnostic ou le traitement, peut se réduire à cette théorie fondamentale du yin et du yang. Par exemple pour le corps, le haut et l’arrière du corps sont yang et le bas et l'avant sont yin. Autrement, pour expliquer la nature d'une pathologie, nous avons "le feu" devant "l'eau", "la chaleur" devant "le froid", "l'agitation" devant " le calme".

La théorie de cinq éléments 

Les cinq éléments sont : Bois, Feu, Terre, Métal, Eau

La théorie de cinq éléments (wu xing) est née de l'enseignement taoïste, «une philosophie ancestrale qui repose sur l’observation de la nature, son fonctionnement et de ses changements perpétuels. Rien n'est statique dans la nature, tout évolue ou transforme en permanence».

«La théorie des cinq éléments parle de catégorisation et d'unification. La catégorisation selon les cinq éléments est différente de la classification souvent réalisée par les sciences occidentales. La catégorisation chinoise s'efforce de maintenir à chaque instant une compréhension de la relation de chaque partie avec les autres parties de l'ensemble. On peut la comparer à la catégorisation de la science occidentale et à sa soigneuse séparation de chaque élément par rapport aux autres constituants. Par exemple, quand on parle des cinq éléments en rapports avec le corps humain, l'estimation de la façon dont chaque élément interagit avec les autres est d'une importance capitale pour en avoir une compréhension complète. L'élément "Bois" et le foie, par exemple, ne peuvent pas être dissociés. Chaque élément doit toujours se comprendre en fonction des quatre autres et il est difficile de le définir sans se référer aux autres».

Il y a  différents cycles dans cette théorie :

Le cycle de création ou le cycle d'engendrement : 

Un élément produit un autre élément pour qu'il puisse croître et se développer, c'est une relation mère et fils, le Bois est le fils d'Eau et la mère du Feu. Il montre une interrelation des cinq éléments. L'énergie circule d'un élément vers l'autre selon sa position dans le cycle. Lorsque l'harmonie existe entre ces cinq éléments comme désigné par les cycles de création et de contrôle (domination/destruction), l'homme est en bonne santé.

- L'EAU engendre/nourrit le Bois. Elle est nécessaire pour la croissance des plantes et du Bois.

- LE BOIS engendre/nourrit le Feu. Un Feu à besoin du Bois pour brûler.

- LE FEU engendre/nourrit la Terre. Le Feu réduit le Bois en cendres. Les cendres se mêlent à la Terre.

- LA TERRE engendre/nourrit le Métal. La Terre est représentée par les cendres. La Terre contient des résidus de minéraux, autrement dit il y a du Métal dans la Terre.

- LE METAL engendre/nourrit l'Eau. Lorsque le Métal (solide) fond, il liquéfie et l'Eau se produit. Les métaux donnent à l'Eau toute ses propriétés, minéraux, oligo-éléments.

- L'EAU est nécessaire par la croissance des plantes et du Bois et le recycle recommence...

Le cycle de contrôle ou d'inhibition ou cycle de dénomination  :

Il sert à réguler l'excès ou le vide des éléments.

- LE BOIS contrôle/détruit la Terre (les racines des plantes et des arbres pourraient détruire la masse de Terre ou le compacter).

- LA TERRE sèche l'Eau. L'Eau est absorbée, vaincue et évaporée par la terre.

- L'EAU éteint le Feu.

- LE FEU fait fondre ou déformer le Métal.

- LE METAL tranche le Bois, une scie à métaux ou une hache pourraient couper un arbre en deux : le Métal contrôle le Bois.

Le cycle d'agression:

Ce cycle ressemble au cycle de contrôle mais avec la notion de conquête ( cas pathologique) . Il intervient lorsque l'équilibre est brisé. Chaque élément en agresse un autre et le force à décroître. Au fil du temps, un élément devient excessif par rapport à un autre. Par exemple le Bois agresse la Terre, si la Terre est en vide (sur le plan énergétique) il faudra la tonifier ( renforcer) ou si le Bois est en excès (colère ) il faut le disperser.

Cycle de contre domination (d'insulte ou d'outrage ou le cycle d'offense):

Ce cycle est inverse du cycle de domination et intervient lorsque l'équilibre est rompu( cas pathologique). Par exemple, en cas d'une perte d'équilibre la Terre peut insulter le Bois et... .

Chaque chose et chaque être est sous l'influence de cette théorie, même le corps de l'homme, son activité physiologique  , ses maladies et son esprit.

La théorie des organes internes (zang -fu)

La théorie des organes est le principal sujet de discussion en médecine traditionnelle chinoise et la compréhension de ce système est capital pour mieux appréhender la physiologie, la pathologie et la pratique médicale chinoise .

« La médecine occidentale envisage chaque organe sous son aspect matériel et anatomique exclusivement, alors que la médecine chinoise envisage chaque organes comme un système complexe qui correspond sa réalité anatomique, plus les notions, les tissus corporels, les organes de sens, les facultés mentales, la couleur, le climat qui lui correspondent ».

Le premier ensemble est donc le" zang", qui représente les organes yin. Cela comprend le Ceur, le Foie, la Rate, les Poumons, les Reins et le Péricarde.

Le "fu" englobe les organes yang ( les entrailles) et comprend donc les Intestins, la Vésicule biliaire, la Vessie et l'Estomc. Il faut noter qu'il y'a un autre organe yang nommé triples réchauffeur, qui a un aspect fonctionnel que anatomique dans cette médecine. Il faudrait équilibrer le yin et le yang pour vivre en bonne santé.

La théorie des méridiens 

C'est la théorie des méridiens qui fournit un structure au concept "holisme" en médecine chinoise. Le yin-yang et les cinq éléments supposent une forme physique dans le corps sous la forme des méridiens et d'organe ayant chacun une nature unique.

«Le systèmes des méridiens relie les organes internes entre eux et les relie à la surface du corps et à l'environnement pris au sens large. Le réseau de méridiens unifie les autre systèmes du corps comme les systèmes digestif, lymphatique, nerveux, reproductif,etc, en un tout cohérent et réactif. C'est grâce à ce réseau que les organismes vivants s'adaptent aux changements de leur environnement extérieur».

«Ce réseau est un système de voies dans lesquelles l'énergie vitale et les nutriments du corps circulent. On peut avoir les méridiens comme des conduits dans lesquels se trouvent des nerfs, des vaisseaux sanguins et la circulation de la lymphe. 

A cet égard, ils servent à unifier et à intégrer les structures anatomiques plus vaste associée à chaque organe interne. Ils servent de voies non seulement parce qu'ils permettent la circulation des substances comme les liquides interstitiels autour de ces structures».

«Comme on peut s'en douter, si ces voies transportent les éléments nécessaires à une physiologie saine, les maladies aussi peuvent les emprunter». Ils peuvent être classés en deux groupes :

- Les méridiens réguliers ou principaux : ils sont douze méridiens qui sont reliés à des organes du corps.

- Les méridiens extraordinaires: qui sont huit et différents des méridiens principaux parce qu'ils n'appartiennent à aucun des organes internes.